jeudi 5 novembre 2015

LE PATRIMOINE FORESTIER EN DANGER : A VOUS DE JUGER.

COMPTE-RENDU DU COMITE DE PILOTAGE
PREFECTURE LE 24 OCTOBRE 2015.


Etaient présents : le secrétaire général de la Préfecture, les élus des communes forestières ou leurs représentants, le représentant de la fédération des chasseurs de l’Aisne, le responsable de l’unité de gestion ONF de Saint-Gobain, l’ingénieur ONF responsable du quart Nord Est de la France, le Président de UFDH.

            En 2014, 51128 m3 ont été martelés sur le massif.
            On assiste à une évolution des modes de ventes de bois. L’ONF pratique l’exploitation en

« bois façonné », c'est-à-dire coupé, étêté et mis à disposition en bord de route. C’est ce que l’on peut voir actuellement sur la route forestière de Coucy à Crepy, de nombreuses grumes alignées sur le bas-côté. 
            Sur l’injonction du Ministère de l’Agriculture, il est demandé à l’Office de favoriser la vente des bois au sein de l’Union Européenne.

            L’aménagement actuel, qui devait aller jusqu’en 2020 est en cours de révision. Le nouveau plan anticipé est prévu pour 2016. Il n’a pas été exactement précisé quelle serait la nouvelle tendance.

            L’ONF utilise une nouvelle méthode pour connaître l’état des peuplements sylvicoles.
Le LIDAR (c’est le nom de cette nouvelle méthode) est pratiqué à l’aide d’un avion effectuant des rotations au-dessus des peuplements. Il utilise un faisceau infrarouge comme un radar. Il est obtenu « un modèle numérique de surface » d’abord au niveau du sol, puis au niveau de la canopée. La précision est centimétrique et permet de calculer la hauteur, le diamètre des arbres ainsi que la surface terrière (nombre d’arbres sur une surface donnée).
            L’Office utilise cette technique pour réaliser une expertise du massif et peut faire un bilan des coupes passées, des coupes à venir.
            Cette expertise fera l’objet d’un document dont la sortie est prévue en 2018.

            L’ONF prévoit un recalage du parcellaire. Cela engendrera un nouveau découpage des unités de peuplement, c'est-à-dire un découpage à l’intérieur des parcelles existantes actuellement.

            Au niveau de la valeur des ventes de bois, il nous est précisé que l’exploitation rapporte 2 millions d’euros par an sur Saint-Gobain/Coucy-Basse, et le rapport en Picardie serait de 17 à 21 millions d’euros.

            Il est noté que l’impact de la maladie du frêne est restreint sur notre massif. Ceci est dû en partie à la dispersion des peuplements sur l’ensemble de la forêt. M. DERING fait remarquer qu’il peut donc y avoir danger à replanter en futaie régulière. Chaque parcelle est repeuplée en essences de même espèce, de même âge et que le risque de contamination est donc amplifié par ce mode de gestion. UFDH prône depuis bientôt 26 ans le traitement en futaie irrégulière où le mélange des essences  et la variété des âges empêchent ou ralentissent les contaminations. L’exemple de la région des Pouilles, en Italie, tendrait à nous conforter dans cette appréciation. Un champignon parasite sévit actuellement dans les plantations d’oliviers et engendre l’arrachage de milliers d’hectares.
  
            Le secrétaire général de la Préfecture souligne et s’étonne du manque d’infrastructures touristiques sur notre région. Notre passé préhistorique et historique est exceptionnel, notre patrimoine naturel est (ou était) remarquable, et pourtant rien n’est fait pour attirer les touristes et ainsi redynamiser l’économie de notre région sinistrée. M BOBO, Maire de BARISIS et Président de la Communauté de Communes du Val de l’Ailette précise que des discussions sont en cours avec la C de C du Pays Chaunois afin d’essayer de palier à cette insuffisance.
  
                        Au niveau de la chasse :
Pour cette année, les prélèvements au niveau des cervidés ont été réalisés à 87%, ceux des chevreuils à 90% et ceux des sangliers à 60%.
            D’après l’ONF, la gestion durable de la forêt n’est plus assurée à cause de la population de grands cervidés. Il constate un déséquilibre en haute forêt, alors que la situation en basse forêt semble acceptable pour lui.
            La « surabondance » de gibier ne permettrait plus d’assurer une gestion durable du massif (sic) car :
                        - les objectifs de renouvellement sont retardés ou non atteints.
                        - l’ONF constate des surcoûts au niveau de la régénération (pose de grillages ou de protections individuelles).
                        - la régénération naturelle est détruite ou endommagée.
                        - les épicéas et les hêtres sont écorcés
                        - la biodiversité est réduite ( ?          )
                        - la gestion en futaie irrégulière est compromise.

            Tous ces déboires sont évidemment dus aux grands cervidés et surtout pas à l’exploitation sylvicole anarchique et outrancière, à l’utilisation d’engins d’un poids considérable, au débardage sur des sols détrempés et spongieux. La parcelle dite de La serpentine est actuellement exploitée et il est intéressant d’aller y faire un tour pour constater les dégâts inquiétants occasionnés par les engins… Par contre il est difficile d’observer la présence d’arbres abroutis ou écorcés, même en cherchant bien. Mais quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage… C’est donc haro sur le cerf.

            Pour obtenir une baisse importante du cheptel, qui ne nous paraît pourtant pas si important que cela, l’Office va donc mettre en place une nouvelle stratégie.
            Pour résumer, elle consiste à mettre la pression sur les chasseurs pour les obliger à atteindre leur plan de chasse et faire baisser ainsi le nombre d’animaux.
            Il y aura donc :
                        - une concertation plus suivie entre les forestiers et les chasseurs.
                        - l’ONF fera connaître ses objectifs sylvicoles. Si ces objectifs sont atteints sur le lot de chasse, et si les surcoûts dus au grand gibier diminuent, l’Office redistribuera une partie de l’argent encaissé lors des adjudications (bonus s’étalant de 10 à 30%). Si les surcoûts ne diminuent pas, un malus (pouvant s’étaler lui aussi de 10 à 30%) sera mis en place.
                        - le plan de chasse sera rendu plus flexible et pourra évoluer d’une année à l’autre.
                        - les locations des lots seront résiliables à 3, 6, 9 ans.
                        - le contrat cynégétique et sylvicole sera modifiable par avenant.
                        - la commission consultative verra son rôle renforcé.
                        - la révision du prix de l’adjudication se fera en fonction de l’atteinte des objectifs sylvicoles.
                        - les garanties (caution ou dépôts de garantie) seront réduites.
                        - il sera mis en place une indexation des loyers des lots de chasse.
                        - le nombre de chasseurs par lot sera à l’initiative du locataire et les cartes numérotées ne seront plus obligatoires.
                        - l’agrainage sera restreint.
                        - une harmonisation des licences cerfs sera mise en place.
 Jusqu’ici, le tireur d’un cerf mâle devait payer une certaine somme décidée d’après la côte de l’animal. Un CEM1 (cerf élaphe mâle de catégorie 1, ne portant pas d’empaumure) valait moins cher qu’un CEM2 (cerf élaphe mâle de catégorie 2, portant empaumure). Les sommes payées pouvaient atteindre, pour un CEM2, 3 000 et parfois 5 000 euros selon la côte du trophée. Désormais, ces sommes seront plafonnées à un tarif  se situant entre 800 et 1 200 euros.
 Le risque d’une telle décision sera la recherche systématique du trophée, et l’on pourrait voir rapidement disparaître les quelques rares gros cerfs encore présents sur le massif. Hors ces mâles remarquables sont (ou étaient ) les maîtres de place lors du brame, les reproducteurs qui assurent (ou assuraient) la pérennité d’un cheptel sain. On pourrait se diriger dans un délai assez bref, vers un appauvrissement génétique de nos hardes pouvant engendrer des malformations physiques, une moins grande résistance aux maladies, une dégénérescence des troupeaux.

Pour mémoire, le cheptel était estimé à 2,6 grands cervidés aux 100 ha, celui des chevreuils à 2,7 aux 100 ha et celui des sangliers à 2,1 aux 100 ha.
Les cerfs seraient descendus à 1,8 têtes aux 100 ha, les chevreuils seraient portés à 2,6 et celui des sangliers à 2,3.
  
Il est aussi envisagé d’harmoniser les jours de chasse et de tendre vers une journée unique sur le massif, hormis pour la vénerie.
Là aussi, il y a du bon et du mauvais. Le bon étant que les animaux jouiront d’une quiétude relative pendant la semaine. Le mauvais étant que la harde passant la première traque va inévitablement tomber dans la seconde. Les survivants tomberont ainsi dans la troisième traque et ainsi de suite.

Pour terminer et en revenir à la sylviculture, il nous a été précisé que l’exploitation sylvicole portait sur 6 600 ha traités en futaie régulière (une seule essence d’un même âge), et 1765 ha étaient traités en futaie irrégulière (arbres d’essences différentes mélangés et d’âges variés). Le traitement en futaie irrégulière nous paraît être la meilleure, la plus proche de la nature et celle assurant une biodiversité plus importante. C’est la méthode que UFDH, ainsi que de nombreux forestiers et scientifiques défendent. Ce n’est malheureusement pas celle vers laquelle tendent les têtes pensantes de l’ONF.


Voilà, bonne lecture, et nous vous rappelons que vous pouvez consulter notre site internet où vous pourrez vous tenir au courant de nos différentes activités.

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