Je
suis le maire d’une commune Française de plus de 720 âmes, située au cœur d’une
forêt domaniale.
J’exerce
la fonction de maire depuis 2008. J’ai été réélu en 2014 avec plus de 54 % des
voix exprimées.
J’ai
instauré une
monocratie pendant mon premier mandat et ne conçois pas de gérer la
commune autrement.
Je décide
de tout et contrôle tout avec mon adjoint, sans consulter les conseillers
municipaux. Je ne veux pas déléguer car j’ai l’impression de ne plus exister.
Comme,
je ne sais pas tout et que je ne peux pas tout faire, je ne fais rien.
Comme,
je veux être obéi de mon conseil municipal, je lui mets des œillères. Je ne
l’informe pas de tout quitte ensuite à lui reprocher de ne rien faire. Chez
moi, l’information n’est pas traitée, ou alors très lentement, ni redistribuée,
et les informations gênantes ou non, sont enterrées.
Je
ne livre pas ma pensée si tant est que j’en ai une. Ma vraie pensée est de
protéger mon pouvoir, mes acquis et de préserver mon image. Lorsque quelque
chose me gêne, je joue la montre et cache mon jeu. Je décourage les prises
d’initiatives ne venant pas de moi car je considère que je suis le seul à avoir
des bonnes idées, même si je n’en ai pas.
Je
me méfie de tout le monde. Avec moi : la discussion raisonnable des sujets
de fond vire au conflit de personnes ; L’objection qui, dans des
circonstances normales de réflexion collective serait utile, devient à mes yeux
la manifestation d’un putch inspirée par une volonté d’opposition.
Je cherche
à briser les opposants en mettant en cause la considération due à autrui, y
compris par la calomnie. Je transforme la commune petit à petit en une «mini
dictature». Dommage que je suis dépourvu de moyens physiques de répression car
j’aimerai rendre pénible à vivre ceux qui s’opposent à mon autorité.
Je suis un maire autocrate (*). Qui suis-je ?..........................................
« Les
personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute
ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne
saurait être que fortuite. »
Que
doivent faire les conseillers municipaux dans un cas pareil ?
Il n’y a que deux options pour
faire face à cette forme de totalitarisme, soit on lui cède, soit on le
cadre.
Le risque est grand
si tous les conseillers laissent un pouvoir absolu et personnel au maire, que
la commune s’enlise dans l’immobilisme et que le désordre règne à chaque fois
que quelques conseillers rouspètent.
Pour
en sortir l’ensemble des conseillers municipaux doivent être capable de faire
front de façon constructive. Les textes donnent au conseil municipal largement de
quoi obliger un maire à se comporter de façon normale, c’est-à-dire à se
comporter comme un exécutif qui exécute
ce qui lui est ordonné de faire par le conseil après avoir été délibéré de
façon confiante et transparente.
Au cours de l'exercice d'un mandat de maire, les
conseillers municipaux peuvent ainsi être tiraillés entre deux pôles :
1. l’un est celui d’une gouvernance
autoritaire mais cela ne peut marcher qu’avec des élus dépourvus de caractère,
et qui acceptent d’être soumis.
2. l’autre est celui d’un exercice
démocratique et collégial de la fonction respectueux de la souveraineté du
conseil. Un
conseil conscient de ses droits est toujours en mesure de refuser de se laisser
transformer en une chambre d’enregistrement passive.
Il faut avoir l'âme d'un
conseiller militant, partisan d’une démocratie participative et refuser tout autre mode de gouvernance, sans cette conviction, c'est la monocratie(**) qui s'installe.
* Autocrate : (politique) relatif à un pouvoir absolu, à une
autorité ne partageant pas le pouvoir
**Monocratie : (politique)
forme de gouvernement où le pouvoir exécutif appartient à un seul homme