vendredi 29 mai 2015

QUI SUIS JE ?


Je suis le maire d’une commune Française de plus de 720 âmes, située au cœur d’une forêt domaniale.

J’exerce la fonction de maire depuis 2008. J’ai été réélu en 2014 avec plus de 54 % des voix exprimées.

J’ai instauré une monocratie pendant mon premier mandat et ne conçois pas de gérer la commune autrement.

Je décide de tout et contrôle tout avec mon adjoint, sans consulter les conseillers municipaux. Je ne veux pas déléguer car j’ai l’impression de ne plus exister.

Comme, je ne sais pas tout et que je ne peux pas tout faire, je ne fais rien.

Comme, je veux être obéi de mon conseil municipal, je lui mets des œillères. Je ne l’informe pas de tout quitte ensuite à lui reprocher de ne rien faire. Chez moi, l’information n’est pas traitée, ou alors très lentement, ni redistribuée, et les informations gênantes ou non, sont enterrées.

Je ne livre pas ma pensée si tant est que j’en ai une. Ma vraie pensée est de protéger mon pouvoir, mes acquis et de préserver mon image. Lorsque quelque chose me gêne, je joue la montre et cache mon jeu. Je décourage les prises d’initiatives ne venant pas de moi car je considère que je suis le seul à avoir des bonnes idées, même si je n’en ai pas.

Je me méfie de tout le monde. Avec moi : la discussion raisonnable des sujets de fond vire au conflit de personnes ; L’objection qui, dans des circonstances normales de réflexion collective serait utile, devient à mes yeux la manifestation d’un putch inspirée par une volonté d’opposition.

Je cherche à briser les opposants en mettant en cause la considération due à autrui, y compris par la calomnie. Je transforme la commune petit à petit en une «mini dictature». Dommage que je suis dépourvu de moyens physiques de répression car j’aimerai rendre pénible à vivre ceux qui s’opposent à mon autorité.

Je suis un maire autocrate (*). Qui suis-je ?..........................................


« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

Que doivent faire les conseillers municipaux dans un cas pareil ?

Il n’y a que deux options pour faire face à cette forme de totalitarisme, soit on lui cède, soit on le cadre.

Le  risque est grand si tous les conseillers laissent un pouvoir absolu et personnel au maire, que la commune s’enlise dans l’immobilisme et que le désordre règne à chaque fois que quelques conseillers rouspètent.

Pour en sortir l’ensemble des conseillers municipaux doivent être capable de faire front de façon constructive. Les textes donnent au conseil municipal largement de quoi obliger un maire à se comporter de façon normale, c’est-à-dire à se comporter comme un exécutif qui exécute ce qui lui est ordonné de faire par le conseil après avoir été délibéré de façon confiante et transparente.

Au cours de l'exercice d'un mandat de maire, les conseillers municipaux peuvent ainsi être tiraillés entre deux pôles :

1.     l’un est celui d’une gouvernance autoritaire mais cela ne peut marcher qu’avec des élus dépourvus de caractère, et qui acceptent d’être soumis.

2.     l’autre est celui d’un exercice démocratique et collégial de la fonction respectueux de la souveraineté du conseil. Un conseil conscient de ses droits est toujours en mesure de refuser de se laisser transformer en une chambre d’enregistrement passive.

Il faut avoir l'âme d'un conseiller militant, partisan d’une démocratie participative et refuser tout autre mode de gouvernance, sans cette conviction, c'est la monocratie(**) qui s'installe.

* Autocrate : (politique) relatif à un pouvoir absolu, à une autorité ne partageant pas le pouvoir
**Monocratie : (politique) forme de gouvernement où le pouvoir exécutif appartient à un seul homme